Le Bulletin de l’APM

Volume IX, numéro 1, printemps 2019


7  juin Journée internationale des archives
 

Les Archives Passe-Mémoire célèbrent la Journée internationale des Archives en offrant une heure de lectures d'extraits de ses fonds. Encore une fois, nous avons le bonheur d'accueillir la participation bénévole des comédiennes Camille Blouin-Picard et Magali Saint-Vincent ainsi que du comédien Olivier Beauchemin qui liront des passages tirés de journaux personnels et de lettres déposés aux APM.

L'événement, ouvert au public, se tiendra à la Maison des écrivains, 3492 avenue Laval, de 17h30 à 18h30.


La Journée internationale des archives a été lancée en 2008 par le Conseil international des archives, fondé en 1948 avec le soutien de l'UNESCO, pour « faire prendre conscience à l'opinion publique de l'importance des archives ». Comme plusieurs centres d'archives à travers le monde, nous soulignerons pour la cinquième fois et le travail des archivistes et l'importance de sauvegarder les écrits personnels, en présentant au public des exemples de ce qu'on trouve dans les documents autobiographiques recueillis par les Archives Passe-Mémoire depuis 2010. Le 9 juin est la date établie pour la Journée internationale des archives, mais comme elle tombe un dimanche cette année, nous célébrerons le vendredi 7 juin.


Parmi les derniers fonds traités par l'archiviste Denis Lessard, signalons Famille Jarry APM57 ; La Roquebrune APM58 ; Desbessel APM60 ; Sullivan-Fréchette APM62.

Après huit ans de travail consciencieux, l'archiviste Denis Lessard nous quitte. C'est grâce à son travail que plus de 50 fonds ont été traités. Nous le remercions et nous lui souhaitons bonne chance dans tous ses projets.


On remercie Mélanie Bastien d'avoir traité le fonds de Monique Gratton-Amyot (APM70). On peut trouver les notices sur notre site internet.


Dans ce numéro du Bulletin, on peut lire la recension des fonds Bazinet et Famille Jarry; un compte-rendu de « Toujours je sens mon âme se balancer entre les joies et les peines » : Le paysage émotionnel de Marie-Louise Globensky (1849-1919) observé à travers ses écrits personnels, de Sophie Doucet, ainsi que le compte-rendu des lettres d'Emily Dickinson. Nous vous offrons aussi une courte notice sur les archives féministes.

 

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COMPTES-RENDUS

de fonds déposés aux APM

 

FONDS ALICE BAZINET APM53
 

À 82 ans, Alice Forgues a écrit l'histoire de sa vie. Elle nait en 1917 dans une famille de cultivateurs très modestes à Isidore-de-Prescott en Ontario francophone. Elle vit sur la ferme de ses parents jusqu'à 23 ans. Les premières pages contiennent de beaux passages le métier d'institutrice et sur sa mère, enseignante dans les régions très pauvres de l'Ontario. Elle aurait voulu que sa fille suive ses traces, mais la situation précaire de la famille ne l'a pas permis. Alice cesse d'aller à l'école à 17 ans, mais jamais elle ne perd espoir de poursuivre des études. Ce qu'elle fit en 1991, à 74 ans, jusqu'à l'obtention de son certificat de 13e année en 1996. Elle suivra des cours de français par correspondance de l'Université Laurentienne et, à 80 ans, elle commence à enseigner le français et s'inscrit au 1er cycle à l'université dans l'espoir d'obtenir son baccalauréat.

Son cahier raconte les étapes de sa vie de cultivatrice : elle fait un récit détaillé de son mariage avec Fédime Bazinet et de la noce qui a suivi, puis de sa vie de jeune mariée. Elle décrit leur première maison, qu'il faut désinfecter car les anciens propriétaires étaient morts de tuberculose et on craignait la contagion. Et du même coup, on se débarrasse des punaises. Elle n'a pas oublié les grands froids quand, pour se déplacer en carriole, on se recouvre d'une couverture de cheval.

Alice Forgues Bazinet nous présente une tranche de vie où l'entr'aide de la famille et des voisins est essentielle pour traverser les épreuves dont on n'est jamais à l'abri : le feu, la maladie, les accouchements.

À la fin de son autobiographie, elle a ajouté une vingtaine de poèmes.

C'est avec la plus grande détermination qu'Alice a poursuivi ses études à un âge avancé et c'est à une de ses enseignantes, Micheline Tremblay, qu'elle a envoyé son témoignage. Nous sommes reconnaissantes à madame Tremblay de l'avoir donné aux APM.

 

CITATIONS

« Le bon curé Boulet aida à ma grand-mère de multiples manières, par exemple en lui donnant sa vieille soutane pour qu'elle confectionne une robe à la future institutrice, la jeune Aurore qui devint plus tard ma mère ».
 

« Trois autres enfants naquirent sur cette terre agricole. À cette époque à cause de la religion on ne pouvait empêcher la famille. Rendue à mon sixième enfant, j'étais épuisée. Mon médecin me demanda si je pouvais suivre la méthode du calendrier et je pouvais mais il fallait que je le dise à un prêtre. Une retraite paroissiale avait lieu dans notre paroisse. J'allai voir un bon pasteur qui me dit : « Suivez-là je vous donne la permission. En la suivant, mes trois derniers avaient plus de différence d'âge entre eux. »
 

« Mais malgré les neuf enfants que j'ai eus, aussi les plusieurs opérations que j'ai subies, les deux dépressions que j'ai passées dans ma maison et la brûlure dans mon dos (ébouillantée), les deux opérations que mon époux a subies et son décès en 1978, j'ai gardé ma mémoire. »
 

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FONDS FAMILLE JARRY APM 57

Ils sont trois frères, nés dans les années 1890, et ils s'écrivent. Jules établit son cabinet de notaire à Ferme-Neuve en 1919, puis pratique à Mont-Laurier à partir 1920. Ses cadets, Émile et Paul, optent pour le Grand séminaire de Montréal. Émile exercera son ministère à L'Assomption près de ses parents. Leur père Victor, gérant de banque à L'Assomption, leur écrit aussi. La fille de Jules, Louise Racicot, a hérité de ces lettres et les a déposées aux APM.

À travers cette correspondance croisée, on suit surtout la vie de Jules dans les Hautes-Laurentides, là où les autres membres de la famille ont leur chalet. On se donne des nouvelles de la parentèle, on parle des loisirs – la chaloupe, la pêche, le patin, le carnaval, les veillées, les danses -, on décrit son jardin, ses maladies, ses états d'âme, et aussi on parle de politique (libérale) et, dans le cas de Jules, de sa blonde.

À part les histoires familiales et les descriptions des mœurs de l'époque, on suit la campagne électorale de 1921 vue du comté de Labelle, car le notaire Jules prononce des discours chaque soir, jusqu'à trois heures dans arrêter, « sans même un verre de bière », écrit-il. Dans une lettre à son frère, il commente les mœurs électorale : « Tu verras, les paroles du curé à son prône n'auront pas eu une trop mauvaise influence sur les gens, que la cause libérale dont je me suis fait l'orateur remporter une belle victoire ici même à Ferme-Neuve.... Notre curé interprète la politique d'une bien curieuse de manière : ' Si vous ne savez pas pour qui voter, allez au 'pool' laissez votre bulletin de vote en blanc ou votez pour tous les candidats '. Sachant que beaucoup d'électeurs pour suivre la masse aurait voté pour le candidat libéral pour faire comme les autres ». (4/12/21)

À ces lettres il faut ajouter « Les Souvenirs de l'Oncle Paul ». À 82 ans, dans sa résidence, le père Paul Jarry, qui se définit comme « un joyeux candidat à une mort prochaine », se laisse convaincre par sa nièce d'enregistrer l'histoire de sa vie sur des cassettes. Retranscrites, ces cinq cassettes donnent un texte de 87 pages remplies de souvenirs des familles, de Saint-Pie puis de L'Assomption. Son récit regorge d'histoires de son entourage, d'anecdotes qu'il a retenues de sa mère et qui se passent dans les années 1870, parfois reproduisant phonétiquement la langue d'une autre époque. Ainsi se transmettent les traditions orales. Il se remémore aussi l'apparition des inventions modernes : le premier téléphone, l'arrivée du cinéma, les premiers concours d'automobiles Montréal-Québec (1905-1910); et les calamités qui ont marqué sa région : les feux, les inondations de la rivière L'Assomption, l'épidémie de typhoïde de 1907, la conscription de 1917 et comment on y échappe. Sans compter les histoires de chasse et de pêche.

Nous remercions Louise Racicot d'avoir confié aux APM les écrits de son père et de ses oncles qui feront les délices des ethnologues comme des historiens.es.

 

EXTRAITS

Mont-Laurier, 15 mars 1920 et 18 mai 1920.

Mon cher Émile, Oui, mon cher Émile, je suis propriétaire, pas mal n'est-ce pas après un an seulement. Et comme tu l'as supposé, je suis à y mettre toutes les notes d'agrément possible. J'ai une maison, un jardin, un banc à l'église, une chaloupe, une bonne profession, il ne me reste plus qu'à prendre femme, ce que je ferai cet été s'il n'y a rien de changé...

Ma dulcinée : bonne, douce, mon égale en éducation et instruction ce qui fera mon bonheur si je suis élu...

Bonsoir, de ton petit frère Jules.

 

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VOS LECTURES

Sophie Doucet, « Toujours je sens mon âme se balancer entre les joies et les peines » : Le paysage émotionnel de Marie-Louise Globensky (1849-1919) observé à travers ses écrits personnels. Thèse de doctorat, Département d'histoire, Université de Montréal, 2019.

 

Quand Mgr Norbert Lacoste a confié à Sophie Doucet les copies tapuscrites des 25 cahiers du journal de sa grand-mère, il ne s'attendait pas à ce qu'elle en fasse le sujet d'une importante thèse de doctorat.

Par le biais de l'histoire des émotions, un champ en pleine expansion en ce moment, Sophie Doucet se propose de d'étudier « la fonction sociale des émotions dans le Montréal franco-catholique de l'époque industrielle ». Elle puise dans le féminisme, l'histoire religieuse et la psychologie pour analyser la tristesse, la joie, l'inquiétude, la peur, et l'amour qui constituent les grands pôles émotionnels de son travail. Afin d'élargir son corpus, elle ajoute au journal la correspondance de Marie-Louise Lacoste, en particulier avec ses filles, soit plus de 250 lettres écrites et 400 reçues.

Marie-Louise Globensky et son mari Alexandre Lacoste ont 13 enfants, dont les plus connus sont la féministe Marie Lacoste Gérin-Lajoie, la fondatrice de l'Hôpital Sainte-Justine Justine Lacoste Beaubien, et la journaliste féministe Thaïs Lacoste Frémont. Marie-Louise entreprend l'écriture de son journal intime à 15 ans, en 1864, et l'interrompt deux ans plus tard lorsqu'elle épouse Alexandre Lacoste. Cette interruption n'a rien d'exceptionnel, la plupart des jeunes filles cessent de tenir un journal à leur mariage, quitte souvent à le reprendre lorsque leurs enfants grandissent. C'est ce que fait Marie-Louise Globensky Lacoste 22 ans plus tard, à 39 ans. Elle y sera fidèle jusqu'à sa mort en 1919.

Sophie Doucet admet d'emblée aborder ses sources dans une approche empathique. Elle reconnaît la spécificité des journaux personnels féminins, - caractère déjà identifié par, entre autres, Michelle Perrot et Philippe Lejeune, - comme elle manie toutes les complexités inhérentes au dépouillement du journal intime : subjectivité, représentativité, position de l'historienne et de la lectrice.

Les spécialistes en sciences sociales et humaines apprécieront les chapitres consacrés à la théorie et à l'historiographie portant sur les émotions et la question que pose l'auteure : à quoi servent les émotions? Les personnes qui s'intéressent aux écrits sur soi, comme ceux qu'on trouve aux Archives Passe-Mémoire, apprécieront ses propos sur les écrits personnels. Le lectorat curieux de mieux connaître la mère des féministes de la première heure découvriront, à travers le prisme de ses émotions, une pieuse bourgeoise montréalaise, dévouée à ses enfants, à son époux et à ses bonnes œuvres. Les spécialistes en histoire des femmes et de la famille pourront constater les rapports de pouvoir, consentis, au sein de la famille, la conformité de cette femme conservatrice aux rôles qui lui sont dévolus, et l'importance de la religion pour accepter les épreuves et les décès familiaux – car la religion catholique, omniprésente à son époque, irrigue ses actions et ses sentiments au mê4me titre que son appartenance à la bourgeoisie montréalaise du tournant du XXe siècle. Enfin, les historiennes et historiens des émotions seront bien servis par l'analyse très fine de cette femme qui s'inscrit dans une « communauté émotionnelle », celle des bourgeoises du Montréal francophone et catholique de son époque, dont elle épouse les normes.

Marie-Louise Globensky est le modèle de la mère qui accepte avec la même soumission les joies de la maternité et les angoisses de la maladie, une dévote qui maitrise les peurs issues de sa religion, comme la peur des péchés et de l'enfer, et qui profite des grandes joies que lui procure cette même religion. Une âme qui n'exprime pas au même degré sa tristesse ou sa joie, ses « vallées de larmes » et ses « jardins de roses », et chez qui l'amour maternel et conjugal domine toutes les autres émotions. Une femme qu'aujourd'hui on dirait soumise et dont la colère et le ressentiment étaient absents du répertoire.

 

CITATIONS

« Si l'autobiographie regarde en arrière et permet d'insuffler une cohérence à l'ensemble des faits, gestes, pensées, émotions qui composent sa vie, le diariste peut ressasser le passé et anticiper l'avenir, mais il ou elle se trouve, au moment de l'écriture dans le présent et son journal personnel reflète l'inconstance des jours et de ses états d'âme ». P. 55.
 

« Il ne faut pas perdre de vue que, comme historiens, nous appartenons aussi à une époque et que nos croyances, nos valeurs, nos expériences, notre vision de la vie influencent aussi notre compréhension des documents que nous analysons ». P. 66.

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Émily DICKINSON, Correspondance complète, traduit de l'anglais par Françoise Delphy, Paris, Orizons, 2018, 1514 p.
 

Épistolière et poète, Emily Dickinson (1830-1886) demeure entourée de mystère et ce malgré un récent film sur sa vie (Emily Dickinson. A Quiet Passion). Née en 1830 dans une famille à l'aise et cultivée, après ses études elle vit presque en recluse dans le giron familial. Et elle écrit, tout en s'adonnant aux tâches domestiques. Son monde se limite à la maison et son jardin, mais elle entretient un cercle d'ami.e.s et de parent.e.s qui viennent la visiter et avec qui elle correspond : anciens professeurs, amis et amies, frères, et surtout sa chère belle-sœur Susan.

Le corpus de ses lettres traduit par Françoise Delphy, plus de mille missives, appartient à la littérature de l'intime. On a qualifié Dickinson d'hystérique, de névrosée, de phobique, sans doute injustement. Certes ses lettres, comme ses poèmes, révèlent une personne exaltée, introspective et plutôt excentrique selon les critères de son époque. Ces qualités la servent bien pour dépeindre l'ambiance de son entourage, de l'atmosphère imprégnée de culture protestante, - même si elle-même se dit athée -, et surtout des absences. Lettres et poèmes témoignent d'une vie intérieure intense. Ses émotions infusent chaque page, elle partage ses joies, ses incertitudes et ses amours, car la poète a été amoureuse. Des allusions demeurent sibyllines et l'objet de ses plus profonds sentiments reste inconnu. 

Presque toute l'œuvre de Dickinson a fait l'objet d'une publication posthume. Les poèmes lui ont valu une réputation internationale dans le monde anglo-saxon. Ses lettres, d'abord publiées amputées de nombreux passages, ont fait l'objet de plus d'une traduction dont celle de Françoise Delphy est la dernière. 

Ses correspondants.e.s ont gardé ses lettres, d'où leur publication, cependant elle avait demandé à sa sœur de jeter toutes les lettres reçues, et celle-ci s'est pliée à ses volontés. 

Ces lettres, qui sont souvent des poèmes en soi, forment le genre de livres apaisant qui trouvent leur place sur les tables de chevet, ou dans les hamacs les jours d'été.

 

CITATIONS

« Une lettre me donne toujours l’impression de l’immortalité parce qu’elle est l’esprit seul sans ami corporel ». 1889

« Une lettre est une joie Terrestre - Refusée aux Dieux ». 1886

 

 


EN VRAC

ARCHIVES DES FEMMES ET DU FÉMINISME
Pourquoi constituer des archives consacrées à la moitié du genre humain? On évoque à prime abord la sous-représentation des femmes dans presque tous les centres d'archives, surtout les archives publiques. Longtemps écartées des fonctions politiques et des centres de pouvoir, les femmes sont peu présentes dans les archives qui, traditionnellement, recueillaient les documents d'hommes publics, politiciens, notables, écrivains. En fouillant, on pouvait parfois trouver les lettres ou même le journal d'une épouse ou d'une fille dans celle du patriarche de la famille. Ce fut le cas du journal de Joséphine Marchand-Dandurand pendant des décennies enseveli dans les papiers de son mari Raoul Dandurand. Ce journal, un modèle du genre, a été publié par la suite. 

Quant à l'original du journal de Marie-Louise Globensky, il repose dans le fonds Lacoste (P76) à la BAnQ-Vieux-Montréal.

On pense aussi aux journaux de Flore, Olympe, Henriette et Honorine Chauveau, filles de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, premier ministre du Québec de 1867 à 1873, et de Marie-Louise-Flore Masse, dont les quatre journaux intimes ont été déposés aux archives de l'Université Laval par la fille d'Honorine en 1992. Ils couvrent les années 1855-1876. L'ethnologue Jocelyne Mathieu a su les exploiter pour publier deux articles dans Les Cahiers des Dix : « Journaux personnels des filles de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1855-1876). Une première approche », Les Cahiers des Dix, no 66, 2012, p. 1-23; « Journaux personnels des filles de Pierre Joseph Olivier Chauveau (1855-1876). Deuxième partie : de la chronique à la réflexion », Les Cahiers des dix, no 67, 2013, p. 75-105.

Il en est de même des journaux intimes de Joséphine et Hortence Cartier, filles d'Hortence Fabre et du premier ministre du Canada George-Étienne Cartier, rédigés entre 1871 et 1873, que Patricia Smart a contribué à faire connaître dans son livre De Marie de l'Incarnation à Nelly Arcand. Se Dire, se faire par l'écriture intime (Boréal, 2014).

« Pas de documents – Pas d'histoire », c'est le slogan du premier centre d'archives de femmes nord-américain, le World Center for Women’s Archives (WCWA), proposé par la féministe pacifiste Rosika Schwimmer, appuyé par l'historienne Mary Ritter Beard et inauguré par Eleanor Roosevelt en 1935. Il est dissout cinq ans plus tard au début de la guerre. Aujourd'hui les principales archives de femmes aux États-Unis se trouvent dans la Sophia Smith Collection (Women's History Archive) de Smith College, au Massachussetts, et dans la bibliothèque Schlesinger à l'institut Radcliffe de l'Université Harvard.

Au Canada, l'Université d'Ottawa fonde les Archives canadiennes du mouvement des femmes, en 1982. Elles comptent plus de 170 fonds et collections. En plus des fonds des organismes féministes, par exemple du Réseau des femmes de Montréal, on trouve aussi des fonds d'individus et une riche collection de périodiques. En 1992, ces archives se sont enrichies des documents du Canadian Women's Movement Archives de Toronto. On retrouve des fonds de féministes et d'organismes féministes dans plusieurs centres d'archives universitaires, comme les Women's Archives de l'Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse.

https://biblio.uottawa.ca/fr/archives-collections-speciales/archives-femmes

 

Signalons aussi Rise Up, à Toronto, qui se définit comme « des archives numérisées de l'activisme féministe ».

En France, les archives des femmes et du féminisme se retrouvent dans quatre lieux principaux. La Bibliothèque Marguerite Durand (BMD), à Paris, date de 1932 quand la journaliste féministe Marguerite Durand y dépose toutes ses collections de périodiques et de manuscrits. En plus des documents imprimés, la bibliothèque renferme une trentaine de fonds.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_Marguerite-Durand

 

La Contemporaine, auparavant la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine, recèle aussi d'importants fonds de féministes et d'associations.

Source : https://www.archivesdufeminisme.fr/liens/bdic-presentation/

 

Pour les documents audio-visuels, le centre audiovisuel Simone de Beauvoir a été créé en 1982.

Depuis l'an 2000, grâce à l'initiative de l'historienne Christine Bard, le Centre d'archives du féminisme sauvegarde les documents féministes hébergés à l'Université d'Angers, un centre important d'études féministes et sur le genre. En plus des fonds d'associations féministes comme le Conseil national des Femmes françaises et La Meute contre la publicité sexiste, on trouve les écrits de militantes telles Benoîte Groult ou Florence Montreynaud, pour n'en nommer que quelques-unes. Christine Bard, sa présidente, énonce la mission du CAF : « Une urgence : préserver la mémoire des luttes féministes, tel est l'objectif que s’est fixé l'Association Archives du féminisme, fondée en 2000 : collecter les archives des militantes et des associations féministes, les classer et les inventorier, afin de les mettre à la disposition de la recherche historique ».

https://www.archivesdufeminisme.fr/les-activites/le-centre-des-archives-angers/

 

En Grande-Bretagne, la Women's Library, anciennement Fawcett, n'est pas qu'une bibliothèque de publications féministes mais renferme plus de 500 fonds d'individus et d'organismes. Elle est maintenant hébergée par la London School of Economics.


Une nouvelle revue interdisciplinaire se consacre à la correspondance : le Journal of Epistolary Studies (JES). D'envergure internationale, la revue, se propose de publier, à l'automne et au printemps, des articles sur la correspondance à différentes périodes historiques et provenant de divers milieux sociaux.

https://journals.tdl.org/jes/index.php/jes/index

 

En France, l'Association pour le patrimoine autobiographique (APA) consacre son numéro de mars 2019 à une enquête sur la correspondance menée auprès de ses membres : leurs pratiques d’écriture et de lecture du courrier, l’archivage et la conservation de la correspondance.

http://autobiographie.sitapa.org/publications/cahiers-de-l-apa/article/cahier-no-68-correspondre-aujourd-hui

 

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Les Archives Passe-Mémoire sont enregistrées comme organisme sans but lucratif et comme organisme de bienfaissance. Elles sont soutenues par des bénévoles – sauf pour l’archiviste – et acceptent les dons pour lesquels nous émettons des réçus pour fin d'impôt.

 
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